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paternité

Selon une étude de la DREES (2019) 63 % des 18-24 ans et 60% des 25-34 ans souhaitent un allongement du congé paternité, alors que 57% des Français jugent sa durée satisfaisante. On observe alors des dissensions sur ce que serait la durée idéale du congé paternité. 22 jours, 3 semaines, 4 semaines, 2 mois, 4 mois, les propositions des acteurs mobilisés sont plurielles et émanent de différents arbitrages qui prennent en compte de nombreuses questions :

  • Est-ce nécessaire de réformer la durée du congé paternité ?

  • Quelle serait la durée idéale du congé paternité pour qu’il y ait un impact durable sur la répartition des tâches domestiques et sur l’égalité professionnelle ?

  • Quelle serait la durée idéale pour que le père crée un lien avec son enfant ?

  • Quelle durée permettrait de soutenir la performance d’une entreprise ?
     

Les enjeux sont nombreux et se manifestent sous divers aspects. Chaque solution embarque avec elle une conception différente de la paternité.

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Les entreprises prennent l’initiative

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Certaines entreprises ont fait le choix d’allonger le congé paternité en interne. Ainsi, les pères salariés d’Ikea disposent de 5 semaines de congés, ceux de Mastercard de 8 semaines, et les salariés de Patagonia de 12 semaines. Cela répond à un besoin parfois exprimé par les salariés et répond à la volonté, formulée par certaines directions d’entreprises, de pouvoir fractionner le congé paternité, afin de ne pas créer une absence trop longue de leurs employés.

 

Selon une étude de l’INED publiée en 2007 (Lefèvre, C., Pailhé, A., et Solaz, A.), 76% des employeurs jugent devoir aider leurs employés à concilier vie professionnelle et vie de famille. Brigitte Grésy, Secrétaire Générale du Conseil Supérieur de l’Egalité Professionnelle, saluait ainsi l’émergence d’une “responsabilité nouvelle”. Cinq ans plus tard, 39% d’entre eux pensent devoir agir (APEC, 2012) tandis que 64% des pères salariés estiment que leur entreprise ne fait pas grand chose pour améliorer la conciliation vie familiale - vie professionnelle (OPE, 2018).

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Selon des chercheurs de l’OCDE (Adema et Thévenon, 2008), les avantages d’une meilleure conciliation sont nombreux : motivation, lutte contre l’absentéisme, fidélisation et attractivité, meilleur taux de satisfaction et productivité. D’après Evelyn Doyle, directrice des Ressources Humaines en Europe de Patagonia, “Patagonia a toujours mis un point d’honneur à créer un environnement de travail laissant une place importante à la vie de famille. Des études montrent que les employés qui se sentent soutenus par leur entreprise sont plus performants et engagés dans leur travail” (Collège des Directeurs du développement durable, 2018). Hélène Périvier souligne néanmoins la perversité de l’argument de la performance pour motiver de telles actions, et interroge la véracité des recherches sur les externalités positives : “Je mets au défi n'importe quel économiste de me le démontrer.” L'existence des externalités positives, susceptibles de motiver les entreprises à agir, ne fait donc pas l’unanimité.

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L’intervention de l’Etat est-elle nécessaire ?

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Selon l’IGAS (Inspection Générale des Affaires Sociales), l’intervention de l’Etat est fondée parce qu’il a le pouvoir de changer les normes mais aussi parce que les négociations collectives se mobilisent encore peu sur la question. Si l’Etat n’intervient pas, bon nombre d’entreprises risqueraient de ne pas mettre en place des politiques plus favorables à la paternité en interne. Selon Mercedes Erra, Présidente de BETC, le congé paternité actuel “est trop court ! Ca n’a aucun sens !”, il est “difficile de le faire en dehors de la loi.” D’autres acteurs, comme Patagonia, préfèrent privilégier la souplesse et le dialogue employeur - employé pour négocier les conditions de ces congés (longueur et rythme de travail).

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Une réflexion menée à l’échelle européenne

 

Après plusieurs mois de navettes entre le Conseil et le Parlement Européen afin d’aboutir à une version commune, les institutions ont tranché et se sont accordées en janvier dernier sur la mise en place d’un congé paternité de minimum 10 jours dans tous les Etats membres, rémunéré au même montant que l’arrêt maladie. Un congé paternité sera donc introduit prochainement en Autriche, Allemagne, Slovaquie et Croatie, qui n’en disposaient pas pour le moment, et allongé dans 6 autres pays. Cependant, cette réforme ne concernerait pas la France puisque le congé paternité y est déjà fixé à 11 jours.

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Pour en savoir plus sur les acteurs mentionnés : 

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