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paternité

Selon une étude de la DREES (2019) 63 % des 18-24 ans et 60% des 25-34 ans souhaitent un allongement du congé paternité, alors que 57% des Français jugent sa durée satisfaisante. On observe alors des dissensions sur ce que serait la durée idéale du congé paternité. 22 jours, 3 semaines, 4 semaines, 2 mois, 4 mois, les propositions des acteurs mobilisés sont plurielles et émanent de différents arbitrages qui prennent en compte de nombreuses questions :

  • Est-ce nécessaire de réformer la durée du congé paternité ?

  • Quelle serait la durée idéale du congé paternité pour qu’il y ait un impact durable sur la répartition des tâches domestiques et sur l’égalité professionnelle ?

  • Quelle serait la durée idéale pour que le père crée un lien avec son enfant ?

  • Quelle durée permettrait de soutenir la performance d’une entreprise ?
     

Les enjeux sont nombreux et se manifestent sous divers aspects. Chaque solution embarque avec elle une conception différente de la paternité.

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La durée, un vecteur d’égalité femmes-hommes ?

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Parmi les nombreux arguments avancés pour justifier un allongement du congé paternité, l’égalité entre les femmes et les hommes est incontournable.

Aujourd’hui, 75% des tâches domestiques et 65% des tâches parentales sont exercées par les femmes. De nombreux acteurs mettent en perspective ces inégalités avec les inégalités sur le marché du travail sous l’argument d’une perméabilité des sphères publique et privée.

Pour certains acteurs, l’allongement du congé paternité est alors pensé comme un moyen de réorganiser les rôles familiaux et dans l’entreprise pour faire advenir une plus grande égalité entre femmes et hommes.

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L’allongement : un levier d’action efficace ?

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Bien que l’égalité femmes-hommes est un objectif consensuel parmi les acteurs qui s’expriment sur le sujet du congé paternité, l’allongement de ce dernier ne fait pas toujours  l’unanimité.

D’un côté, Brigitte Grésy, secrétaire générale du Conseil supérieur de l’égalité professionnelle, défend qu’un allongement du congé paternité serait un moyen de combattre le délit de maternité, c’est à dire le préjudice subi par les femmes lié à leur grossesse et leur rôle de mère. Elle avance qu’un congé paternité plus long permettrait de valoriser la paternité dans l’entreprise et donc mettre fin à l’association dommageable entre parentalité et maternité très présent dans l’imaginaire collectif. Titiou Lecoq, la journaliste et blogueuse féministe pense qu’une réforme de la durée légale du congé paternité serait un levier d’action efficace sur la répartition des tâches domestiques. Elle défend que le congé maternité est le point de départ des inégalités entre femmes et hommes dans la sphère familiale, le moment où les femmes développent une charge mentale importante. Elle propose un allongement de 4 à 6 semaines dans le but de mieux répartir la charge mentale qui pèse sur les mères en impliquant davantage les pères. Patricia Blancard, secrétaire nationale CFDT Cadres chargée de l’égalité femmes-hommes, propose un congé paternité de 2 mois afin de réfléchir à une organisation du travail différente et respectueuse d’une parentalité partagée. Cette durée est justifiée comme un arbitrage entre ce qui est soutenable pour l’entreprise et ce qui est assez long pour avoir un impact sur l’organisation familiale.

D’un autre côté, des acteurs comme Guillemette Leneveu, directrice générale de l’Union Nationale des Associations Familiales, remettent en cause l’efficacité de l’allongement du congé paternité. Cette dernière, bien qu’elle défende une plus grande égalité des genres, affirme qu’une extension de quelques jours ne serait pas assez puissante pour faire changer les mentalités sur la parentalité: “Si les mesures étaient prises sur le congé paternité on serait absolument pas à la hauteur des enjeux (...) ce n’est pas ça qui va réellement changer les mentalités”.

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Le débat sur la durée idéale

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Si beaucoup d’acteurs défendent un allongement du congé paternité, les propositions pratiques divergent. 2,3,4,6 semaines? Chaque acteur de la controverse marche à tâtons et recommande différentes durées qui relèvent souvent d’arbitrages sur ce qui leur paraît nécessaire mais aussi parfois, réalisable.  

On retrouve une divergence marquée sur l’alignement des durées des congés du père et de la mère. Cette modalité de réforme est centrale à la position de la féministe Rebecca Amsellem dont l’objectif est de supprimer les spécificités de genre de ces congés pour atteindre une responsabilité conjointe dans l’éducation des enfants et mettre fin au monopole des mères en la matière. Pour Mercedes Erra, la fondatrice de BETC, “J’aurais tendance à proposer aux papas la même durée que le congé maternité et pas pris au même moment.”. Pourtant, cette position est loin de faire l’unanimité notamment pour Marlène Schiappa, la secrétaire d’Etat chargée de l’égalité entre les femmes et les hommes qui refuse cette alignement des durées de congé au nom d’impératifs biologiques différents. On constate donc que ce pilier du débat fait s’opposer des conceptions d’équité et d’égalité.

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Pour en savoir plus sur les acteurs mentionnés : 

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