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paternité

Le congé paternité n’est pas l’unique congé accordé à la naissance de l’enfant. D’autres congés parentaux existent également, notamment le congé maternité et le congé parental. Si le congé paternité venait à être réformé, certains acteurs considèrent que c’est en l’articulant avec les autres que les résultats sur le long terme pourraient être les plus probants. Il faudrait selon eux les considérer comme des éléments interdépendants au sein de l’écosystème des politiques publiques parentales. Pour d’autres, le congé paternité répond à des objectifs très différents des autres congés et doit donc être traité séparément.

 

Entre complémentarité, concurrence et indépendance, l’articulation des congés parentaux soulève de nombreux débats :

  • La réforme du congé paternité doit-elle être prioritaire par rapport aux autres?

  • Comment articuler congé paternité, parental et maternité?

  • Doit-on harmoniser les réformes ou bien les traiter séparément?

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Établir une plus grande égalité entre les femmes et les hommes par le biais d’une parentalité mieux partagée n’est pas un débat seulement porté vers le congé paternité puisque ce dernier fait partie d’un écosystème de congés parentaux. Les acteurs de la controverse sont donc amenés à s’exprimer sur la place de celui-ci vis-à-vis du congé maternité et parental.

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Congés maternité et paternité : quelle réforme pour l’égalité ?

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Le gouvernement d’Edouard Philippe, bien qu’il ait commandé en 2017 un rapport sur l’allongement du congé paternité à l’IGAS (Inspection Générale des Affaires Sociales), a donné une priorité à la réforme du congé maternité dans l’agenda politique. Marlène Schiappa travaille activement sur un congé maternité unique, c’est-à-dire de 16 semaines pour toutes les femmes, rendant toutes les mères égales face à l’obligation d’arrêter leur activité professionnelle. Cette mesure est commentée de manière plutôt négative par la journaliste et blogueuse féministe Titiou Lecoq : “Autrement dit, [Emmanuel Macron] promettait l’égalité entre les femmes. Rien à voir avec l’égalité entre les femmes et les hommes.” Cette  critique est cohérente avec l’argumentaire de cette dernière qui regrette que le congé maternité actuel creuse les inégalités domestiques et professionnelles tant il manque d’équivalence avec le congé paternité.   

De ce point de vue, l’économiste Hélène Périvier aime l’idée d’une transférabilité d’une partie du congé maternité au père, à l’image de ce qui a été mis en place au Portugal. Elle trouve cette mesure intéressante du point de vue des finances publiques et d’un grand pouvoir transformatif dans la mesure où “cela peut vraiment transformer l’état d’équilibre de la division sexuée des rôles dans la famille”. Une idée qui susciterait selon elle beaucoup de résistance en France des mouvements féministes et conservateurs. De manière générale, Hélène Périvier pense que si la France veut se donner comme objectif majeur l’égalité entre les femmes et les hommes, la réforme doit concerner le système en entier et pas seulement le congé paternité, afin de trouver un axe de cohérence :  “On va faire des petites choses ici et là mais on n’a pas de cohérence globale, ni conservatrice, ni progressiste, qui peuvent porter un vrai projet, en particulier pour l’égalité femmes-hommes”.

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Congé paternité et parental : quel est le levier le plus efficace en terme d’égalité des genres ?

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L’articulation du congé paternité avec le congé parental est aussi source de débats, notamment lorsqu’il s’agit de déterminer lequel des deux congés serait le levier d’action le plus efficace dans un objectif d’égalité femmes-hommes. La ministre de la Santé, Agnès Buzyn et Titiou Lecoq sont opposées à une réforme du congé parental tel qu’il a été proposé par la directive européenne de 2018. Cette réforme, qui avait pour but de mieux rémunérer ce congé, est accusée par Buzyn et Lecoq de favoriser l’éloignement des femmes du marché du travail plutôt que d’inciter les pères à s’investir dans leur paternité. À leurs yeux, la réelle priorité devrait être de repenser le congé paternité.

Au contraire, Guillemette Leneveu, directrice de l’Union Nationale des Associations Familiales, sans s’opposer à l’allongement du congé paternité, déclarait, à l’antenne de France Inter, craindre une réforme qui ne serait pas à la hauteur de l’enjeu. Selon l’UNAF, la réelle inégalité réside autour du congé parental. Ils plaident pour un raccourcissement et une meilleure rémunération de celui-ci, avec une partie non reportable entre les deux parents. Guillemette Leneveu pense que cela serait une chance pour les femmes comme pour les hommes et objecte l’interprétation de Lecoq et Buzyn : “Le congé parental peut aussi être un gain pour les femmes. Il faut arrêter le discours des femmes toujours victimes, beaucoup auraient aimé s’arrêter (...) notamment les 6 premiers mois”.

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Pour en savoir plus sur les acteurs mentionnés : 

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